Les origines de la formule $\epsilon =h\nu$, ou comment l’analogie est vecteur de nouveauté

Soler, Léna

Philosophia Scientiae, Tome 5 (2001) no. 2, pp. 89-123

Résumé (VO)

Le présent article s’interroge tout d’abord sur la nature du raisonnement par analogie et sur le fameux ‘pouvoir heuristique’ dont il est traditionnellement crédité, puis examine la nature des rapports logiques et historiques qui existent entre raisonnement par analogie et apparition de nouveauté radicale en physique. L’exemple de l’introduction, par Planck en 1900, de la fameuse formule $\epsilon =h\nu$ - aujourd’hui érigée en symbole de la naissance de la physique quantique et obtenue en 1900 par Planck en prenant pour modèle une démonstration antérieure de Boltzmann - est pris comme base de la réflexion. L’on s’emploie notamment à montrer que l’analogie doit son pouvoir heuristique à des contraintes d’un certain type, des contraintes ‘systémiques’ qui tiennent à la nature du langage dans lequel est exprimée toute théorie physique.

Abstract

The present paper questions the nature of analogical reasoning and its heuristic power, then examines the nature of logical and historical relationships between analogical reasoning and the rise of radical novelty in physics. The analysis will be conducted on the example of Planck’s introduction of the famous formula $\epsilon =h\nu$ in 1900 - today considered as a symbol of the birth of quantum mechanics and obtained by Planck in 1900 by taking one’s cue from a demonstration of Boltzmann. I’ll try to show that what confers to analogy it’s heuristic power is a special kind of systemic constraint which proceeds from the nature of the language in which physical theory is expressed.